VIII La Chronique de Travnik
Ivo Andritch 1945
Traduit du serbo-croate par Pascale Delpech
Édition Belfond, 511 pages
catégorie Littératures d'Europe centrale
Facilité de lecture ****
Contenu ****
Extrait
"De nouveau les années passèrent. Le maigre général (Napoléon) s'était élevé au zénith du monde et se déplaçait sur l'horizon comme l'unique soleil qui ne connût pas de couchant. Daville changeait de postes et de situations, concevait divers projets littéraires et politiques, en se tournant, comme tout le monde, vers ce soleil. Mais ce grand élan de ferveur, comme tous les engouements des gens faibles dans les grandes périodes de troubles, s'était avéré décevant et n'avait pas tenu ses promesses, et Daville sentait que lui aussi, dans son for intérieur, trahissait ses enthousiasmes et se détachait lentement d'eux."
Page 82
"Les endroits qui ont, comme Travnik, une situation défavorable et un climat ingrat bénéficient en général de quelques semaines dans l'année qui, aussi belles qu'agréables, constituent une sorte de récompense pour tous les caprices et les malheurs que le climat impose aux gens le reste de l'année. À Travnik, cette période tombe entre le début de juin et la fin d'août, et elle couvre en général tout le mois de juillet."
Page 221
"C'est ainsi que cette grande révolte connut un épilogue excitant et inattendu. On cessa d'amener des Serbes et de les tuer. La ville se retrouva dans cette atmosphère de lendemain de beuverie, lorsque chacun ravale sa honte et fait en sorte qu'on oublie au plus vite ce qui s'est passé, lorsque la foule de ceux qui ont fait le plus de tapage et commis les pires violences regagne les faubourgs, tel un fleuve son lit, et lorsque l'ordre ancien s'installe de nouveau et paraît à tous, pour un temps du moins, meilleur et plus supportable."
Page 337
Consul un jour, consul pas toujours !
Ivo Andric raconte la vie du consul de France à Travnik durant les guerres napoléoniennes. On y voit la création des consulats de France et d'Autriche dans un pays dirigé par les vizirs. Tous les faits historiques sont authentiques, les hauts et les bas de l'épopée et les révolutions de palais à Istanbul. C'est une véritable chronique.
C'est un plaisir de parler de ce livre. La Bibliothèque idéale offre une variété hétéroclite et un choix éclairé. Ce livre ou il ne se passe rien, sinon la vie, la guerre et les intrigues politiques, met en lumière la psychologie et la description de personnages qui gravitent autour de M. Daville, consul de France, nommé par Napoléon à Travnik. C'est une brique, mais qui se lit comme un bulletin de nouvelles parvenant des armées de Napoléon. J'ai encore eu peur de ne pas avoir le temps de le terminer, parce que j'ai eu beaucoup de travail pour la formation et une fin de semaine intense avec ma certification en plongée sous-marine (un rêve réalisé).
Ce livre explique bien ce qui se passe en Bosnie. La population est divisée en appartenance confessionnelle. Les musulmans, légalement dirigeants, les catholiques, les orthodoxes et les juifs. Aujourd'hui, les orthodoxes de Bosnie sont les Serbes et les catholiques les Croates. Personne ne sort gagnant, personne n'est perdant, sinon la population prise en étau. C'est une balance qui oscille entre les victoires et les défaites de la guerre et les alliances diplomatiques. C'est fascinant parce que c'est une étude ethnographie très actuelle même si le livre est écrit en 1945.
"L'auteur est lauréat du prix Nobel de littérature en 1961, et a été membre de l'Académie serbe des sciences et des arts. Il a reçu le titre de docteur honoris causa de l'Université Jagellonne de Cracovie en 1964. Rédigés avec un grand souci de la vérité historique, ses récits ont pour cadre la Bosnie. Diplomate avant la guerre, il se consacre à la littérature dès 1945. Il est l'auteur le plus connu et le plus traduit (40 langues) de la littérature serbo-croate."
Wikipédia.
Défi 2011-2012
J'ai emprunté ce livre à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Belle température et forte chaleur cette semaine.
Je rappelle que je me suis donné comme défi de lire 49 livres en 49 semaines. Les volumes sont sélectionnés parmi les choix publiés dans le livre La Bibliothèque idéale, paru en 1988 chez Albin Michel et présenté par Bernard Pivot.
J’accompagne le tout de photos de floraison, prises durant la semaine, au Jardin botanique de Montréal. Lundi 11 juillet 2011, début du 9e livre La Comédie humaine, de Honoré de Balzac, catégorie Le roman français. Publication de mes commentaires accompagnés de photos, dimanche 17 juillet 2011.
Floraisons
Rose, Jardin botanique de Montréal 9 juillet 2011